Quelle reconversion professionnelle à 45 ans ?

J’avais déjà réfléchi à une reconversion professionnelle, lors d’une période de surmenage au travail. Je devais avoir 38 ans, et je me sentais au bout du rouleau. Les clients étaient de plus en plus agressifs, en voulaient toujours plus. Ne sachant pas dire non, je prenais sur moi et faisais ce que l’on attendait de moi. Jusqu’au jour où, tu n’arrives plus à respirer, tu as l’impression que tu n’as plus d’air et tu paniques. Crise d’angoisse, surmenage, incivilités au travail, je n’en pouvais clairement plus. il fallait absolument que je change de profession.

Quel métier envisager à l’aube de ses 40 ans sans partir de zéro en termes de salaire ?

Cela faisait 10 ans que je travaillais dans ce cabinet d’assurances, j’avais commencé au SMIC, et mon employeur m’augmentait chaque année, sans rien demander. Et je n’avais aucune envie de me retrouver de nouveau au SMIC. En même temps, comment prétendre à un salaire correct lorsque tu es novice dans un domaine ? Et puis entre temps, nous avions contracté un prêt immobilier, un crédit pour mon véhicule. Une école semi-privée pour mon fils, quelques activités extrascolaires… Rien d’extravagant, mais tout de même, je ne pouvais pas remettre en question ce confort pour ma famille, simplement parce que j’étais surmenée au travail. J’ai, néanmoins, fait quelques recherches sur de potentielles reconversions. En tant que salarié, il est compliqué, voire impossible, de commencer dans un nouveau domaine avec un bon salaire. Le tout était de chercher une nouvelle activité que je pourrais faire en plus de mon travail, pour la tester. Le week-end ou lors de mes congés payés par exemple.

Assistante maternelle agréée.

À l’époque, pour devenir assistante maternelle agréée, tu pouvais soit demander une validation des acquis par l’expérience (VAE) si tu as élevé 3 enfants. Ce qui n’était pas mon cas. Soit passer un CAP Petite Enfance en candidat libre, seule la première épreuve est nécessaire, sinon tu peux aussi suivre une formation spécifique. Le souci, pour le CAP, c’est qu’il y a des stages à faire et que si tu travailles, tes congés payés sur 2 ans ne suffiront pas. J’ai tout de même suivi quelques cours à distance et fait un stage en crèche. Pour avoir un aperçu du métier. Car pourquoi ne pas travailler en crèche également ? (Dans ce cas, il te faut obtenir le CAP Petite Enfance).

Une nounou lit une histoire à deux enfants.

Mon stage en crèche.

J’ai adoré le contact avec les enfants, j’ai également apprécié l’approche Montessori de la crèche, basée sur l’autonomie de l’enfant. J’ai moins aimé, l’ambiance avec le personnel. Les moqueries concernant les enfants ou les critiques à l’attention des parents « qui ne savent pas s’en occuper ». D’accord, on voit un peu de tout, des situations absurdes. Mais il y a vraiment des parents qui sont perdus, ils ne savent plus comment agir avec leur enfant et ils en souffrent. Il faut les accompagner, les soutenir et non les pointer du doigt. Ensuite, on te demande de soutenir un projet à la fin de l’année, de présenter tes objectifs à mettre en place pour l’année suivante, tu es notée, etc. Tu supportes aussi les remarques pas très sympas de certains parents, qui abusent parfois. Bref, tout cela pour un salaire qui, à 38 ans, ne me convenait pas.

Pour quelle raison le métier d’assistante maternelle, ne me correspond pas ?

Le métier de nounou agréée aurait pu mieux me convenir. Tu travailles en autonomie, de chez toi, tu organises tes propres activités. Et le salaire est nettement plus élevé (je suis restée scotchée quand une amie m’a parlé de son salaire, elle gardait 4 enfants !) Largement plus élevé que mon salaire dans les assurances même après 10 ans. Cependant quelques inconvénients de taille sont à prendre en considération :

  • Tu imposes ton métier à ton conjoint. Je ne suis pas sûre que mon mari qui a un travail très physique, commence tôt le matin pour pouvoir ne pas rentrer trop tard le soir, aurait apprécié de se retrouver au milieu de bambins fatigués de leur journée.
  • Les horaires sont extrêmement élastiques : il suffit que l’on t’amène un enfant très tôt, et que le dernier soit récupéré très tard. Ta journée peut facilement commencer à 6h et se terminer à 20h.
  • Certains parents rechignent à payer ! J’ai rencontré des assistantes maternelles qui arrêtaient leur travail à domicile pour travailler en crèche (contre un salaire beaucoup plus bas) parce qu’elles n’arrivaient plus à se faire payer.
  • Litiges avec les parents : certains parents abusent et portent en justice tout et n’importe quoi.

Vendre des poulets sur le marché ! 🤣

Rien à voir ! C’est clair, j’ai vraiment envisagé tout et son contraire. N’empêche que vendre des poulets sur le marché, lorsque tu te renseignes un peu c’est la poule aux œufs d’or !! En plus, franchement ce n’est pas désagréable, si en plus tu vends de bons produits. Tu arrives sur le marché, tu installes ta petite remorque, le fournisseur te livre tes poulets, tu prépares tes patates ou autre et tu commences la cuisson. Vers 10h, les clients arrivent et à 13h tu nettoies et tu as terminé ta journée ! L’investissement pour une remorque n’est pas très élevé si tu la prends d’occasion. Et regarde bien ! Je me suis promenée sur tout un tas de marchés dans le sud de la France. Il y a souvent la queue à la rôtissoire, et à la fin les commerçants ont pratiquement tout vendu.

Un poulet qui court.

Rentabilité.

Méga rentable, surtout pour ceux qui vendent de la basse qualité (malheureusement la majorité, mais c’est peut-être en passe de changer). Très peu de charges fixes. J’en avais même discuté avec un avocat, dans le cas de la possible reprise d’un stand sur un marché. Il n’en revenait pas, il s’était en effet rendu compte des chiffres d’affaires réalisés avec de toutes petites structures… Il avait même envisagé une reconversion du métier d’avocat (pas rien quand même !) à vendeur de poulets sur les marchés !

L’emplacement et la concurrence.

Le souci majeur pour ce genre d’activité c’est de trouver un emplacement. Même pas trouver un bon emplacement, juste en trouver un. Dans le sud de la France, c’est mission impossible. La seule possibilité est de racheter l’emplacement en même temps que le commerce, lorsque quelqu’un arrête son activité. Mais en général, on ne t’en fait pas cadeau. On te vend une rôtissoire à moitié fichue, avec un emplacement que tu n’es pas sûr de garder si le maire change. Et évidemment, le prix n’est pas donné, même si cela reste très bas en comparaison avec un commerce physique « en dur ». L’idéal étant d’acheter une petite rôtissoire et changer chaque jour de marché, en proposant des produits de qualité pour se démarquer de la concurrence. Malheureusement dans le Sud c’était mission impossible, j’ai tout essayé, même la cooptation.

Un coffee shop à thème avec une amie.

J’arpentais les petits villages très touristiques de ma région, en réfléchissant à une nouvelle activité, et à ce que j’aimais faire. J’aimais bien la cuisine et pâtisserie locale. L’idée d’un petit salon de thé ou coffee shop sur un thème particulier (brocante ou autre) m’aurait également beaucoup plu. Mais là, ce n’est plus la même histoire. Tu y passes ta vie. Tu arrives tôt le matin et tu pars tard le soir. En tant que fille de restaurateurs, j’en ai eu un petit aperçu.

Donc j’avais pensé à m’associer avec ma meilleure amie, qui réfléchissait également à quitter son travail à cette époque. Je tiendrai le salon de thé 3 jours par semaine (en négociant avec mon employeur, de faire mes heures sur 4 jours), et mon amie, également 3 jours, avec 1 jour de fermeture. Tout en conservant chacune notre travail salarié le temps de faire marcher l’affaire.

Je pense que c’était une bonne idée, j’ai même trouvé un petit local, très bien placé. Pas trop cher à deux, mais il fallait quand même investir dans des travaux pour en changer l’activité. Finalement, après réflexion, il aurait été compliqué de faire tourner ce commerce pour 2 toute l’année, car l’activité touristique était vraiment réduite dans ce village. Il était bondé de touristes pendant 3-4 mois, mais quasiment désert le reste de l’année.

Conclusion de mes tentatives de reconversion professionnelle à 38 ans.

Je te fais grâce des autres idées peu intéressantes auxquelles j’ai pensé. Il est beaucoup plus facile de se reconvertir lorsque l’on n’a rien à perdre. Si tu es déjà au SMIC, alors tu ne risques pas grand-chose. Tu peux même te permettre de tester diverses professions, j’ai longtemps pensé que sur un CV cela était synonyme d’instabilité. Je pense maintenant, au contraire, que c’est faire preuve de curiosité et d’adaptation.

N’ayant pas trouvé le métier qui me permettait de m’épanouir, tout en maintenant ma qualité de vie et celle de ma famille, j’ai expliqué ma situation à mon employeur. Le surmenage, mes difficultés à faire face à la surcharge de travail, etc. Je lui ai demandé un jour de congé par semaine supplémentaire, le mercredi. Je ferai ainsi mes 35 h sur 4 jours, mais je travaillerai ces heures dans le bureau fermé à la clientèle ce qui me permettrait d’avancer plus vite sur mon travail sans être dérangée. Il a accepté et cela m’a soulagée. Puis 4 ans après, le cancer est arrivé, suivi de 18 mois de traitement, et une dépression. Cette fois, je n’ai plus le choix, je ne suis plus capable de continuer ce travail, il faut que j’en change définitivement !

De nouveau, la question se pose, comment se reconvertir professionnellement à 45 ans ?

Sauf que cette fois, le choix est plus restreint, en effet j’ai perdu des capacités à cause des traitements. Je subis toujours des effets secondaires de la chimio. La reconversion est plus compliquée, la question du salaire n’est plus une priorité.

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